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Mensy

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Maître des cîmes
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posté par Mensy
le samedi 21 juillet 2007, 11h06
Ha une petite Eve en trop. Chanson de Brassens. Dis au fait Groupie, tu n'aurais pas une petite Eve en trop dans ton escarcelle ? Ou plutôt un petit Adam pour moi ce serait plus approprié. Pour m'aider à porter mon coeur si gros, si las...

Mensy

Titre :
Maître des cîmes
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17 an, 9 mois, 12 jours
posté par Mensy
le mardi 31 juillet 2007, 22h36


Les années 30 dans la bourgeoisie bordelaise… Une sphère étrange, lointaine, exotique la vie de Juliette Gréco. C’est une époque où l’on a encore des domestiques, auxquels il est interdit de parler. Une époque où deux petites filles, Charlotte, l’aînée, et Juliette, la cadette, vivent dans l’ombre encaustiquée de leurs grands-parents. Le grand-père est architecte. C'est lui qui donne à Juliette un peu de l’affection dont elle manque si cruellement. Mais il meurt quand elle n’a que dix ans. La mère de Charlotte et Juliette, elle, vit sa vie à Paris. Elle a eu ses deux petites en 1923 et 1927, à Montpellier, en se mésalliant avec un policier, Louis-Gérard Gréco. Un Corse, natif de Belgodère, en Balagne. Puis il ma quitté. A Juliette, il restera de cet homme un beau patronyme qui lui évitera le mauvais goût d’emprunter un pseudo…

Haine de la mère et Gestapo

 « L’ours, le premier ours, celui qu’on préfère toujours, elle l’a jeté. Juliette dit : Ça aussi, ça fait partie de ma haine. Et ma mère m’en a acheté un neuf, ridicule, hydrocéphale. Elle était nulle pour ces choses. Elle était faite pour les choses glorieuses.» La haine de sa mère est sans doute un moteur essentiel du talent de Juliette Gréco.. Ainsi cette anecdote terrible: sa mère, résistante, et sa sœur Charlotte ont été arrêtées par les nazis et déportées à Ravensbrück. Toutes deux en reviennent miraculeusement vivantes. Mais, le jour de leurs retrouvailles, le premier mot de la mère à Juliette sera pour s’inquiéter d’une autre, Antoinette, la femme dont elle partageait la vie au début de la guerre…

Sartre, Kosma, Canetti

Le morceau de choix c’est bien sûr l’époque de Saint-Germain des Prés. Au début, en 1945, des Jeunesses Communistes aux soirées zazous, la petite Juliette poursuit sa socialisation. Puis les grands noms se pressent : Marguerite Duras, encore anonyme malgré un premier roman, diffuse L’Humanité et console Juliette en rupture (rapide) de PC ; le philosophe Maurice Merleau-Ponty fait une rechute d’adolescence (à trente-sept ans) pour séduire l’une ou l’autre des deux sœurs (et apprendre à danser à Juliette…) tandis que, bientôt, se profilent les silhouettes de Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Boris Vian et Miles Davis…

Les premiers pas de Juliette Gréco dans la chanson seront guidés par Jean-Paul Sartre, qui lui offre un choix de textes parmi lesquels elle distingue ce qui va devenir Si tu t’imagines, de Raymond Queneau. C’est encore Sartre qui s’entremet pour que Joseph Kosma écrive la musique de cette chanson…

                                                                        

Pauvre liberté d’expression au début des Trente Glorieuses. En 1953, un an avant l’interdiction restée, elle, célèbre du Déserteur, de Vian, Paris canaille de Léo Ferré («Paris marlou/ Aux yeux de fille/ Ton air filou/ Tes vieilles guenilles») est systématiquement interdite de radiodiffusion. Il est vrai qu’elle contient dans sa version originale une attaque contre le Faubourg Saint-Honoré : «Des sociétés/ Très anonymes/ Un député/ Que l’on estime»… Autre époque, autre révélation : c’est Juliette Gréco qui fut choisie par son attaché de presse (Louis Nucera) pour parrainer, chez Philips, les débuts d’un jeune chanteur : Alain Baschung (alors avec un « c »), pour son premier 45-tours chez Philips, en 1966. Et ensuite le cinéma, Sagan, Saint-Tropez, et Piccoli, mais aussi le succès international, celui qui bâtit à Gréco, à l’étranger, une statue du Commandeur de la Chanson Française. Jusqu’à nos jours et à ses concerts de juin 1999 à l’Odéon,

 


oufdelu

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posté par oufdelu
le vendredi 03 août 2007, 01h14
Je propose aujourd'hui de mettre à l'honneur Baudelaire, en commançant pas cet extrait des fleurs du mal, datant de 1857 :



L'Ennemi



 
Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage,
Traversé çà et là par de brillants soleils;
Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage,
Qu'il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.
  5Voilà que j'ai touché l'automne des idées,
Et qu'il faut employer la pelle et les râteaux
Pour rassembler à neuf les terres inondées,
Où l'eau creuse des trous grands comme des tombeaux.
 
Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve 10Trouveront dans ce sol lavé comme une grève
Le mystique aliment qui ferait leur vigueur?
 
— O douleur! ô douleur! Le Temps mange la vie,
Et l'obscur Ennemi qui nous ronge le coeur
Du sang que nous perdons croît et se fortifie!

oufdelu

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posté par oufdelu
le vendredi 03 août 2007, 01h20
Je tiens à poursuivre avec un autre poète qui me tient à coeur et son "sonnet à hélène", 1578 :

Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,
Assise auprès du feu, dévidant et filant,
Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant :
"Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle !"

Lors, vous n'aurez servante oyant telle nouvelle,
Déjà sous le labeur à demi sommeillant,
Qui au bruit de Ronsard ne s'aille réveillant,
Bénissant votre nom de louange immortelle.

Je serais sous la terre, et, fantôme sans os,
Par les ombres myrteux je prendrai mon repos ;
Vous serez au foyer une vieille accroupie,

Regrettant mon amour et votre fier dédain.
Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain :
Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie.


on poursuit ainsi avec l'"ode à cassandre", bien connue de tous :) :

Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait déclose
Sa robe de pourpre au soleil,
A point perdu cette vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vôtre pareil.

Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place,
Las, las ses beautés laissé choir !
O vraiment marâtre nature,
Puisqu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !

Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que votre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse :
Comme à cette fleur, la vieillesse
Fera ternir votre beauté

oufdelu

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Mânes des orées (Team Masquée, Modérateur, mode mesquin)
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posté par oufdelu
le vendredi 03 août 2007, 01h33
Sur une même lançée poétique...

La nuit m'est courte, et le jour trop me dure,
Je fuis l'amour, et le suis à la trace,
Cruel me suis, et requiers votre grâce,
Je prends plaisir au tourment que j'endure.

Je vois mon bien, et mon mal je procure,
Désir m'enflamme, et crainte me rend glace,
Je veux courir, et jamais ne déplace,
L'obscur m'est clair, et la lumière obscure.

Vôtre je suis et ne puis être mien,
Mon corps est libre et d'un étroit lien
Je sens mon coeur en prison retenu.

Obtenir veux, et ne puis requérir,
Ainsi me blesse, et ne veut guérir
Cet vieil enfant, aveugle archer, et nu.

Joachim Du Bellay
L'Olive, XXV1


Je vis, je meurs : je me brûle et me noie.
J'ai chaud extrême en endurant froidure :
La vie m'est trop molle et trop dure.
J'ai grand ennuis entremêlés de joie :

Tout à coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment j'endure :
Mon bien s'en va, et à jamais il dure :
Tout en un coup je sèche et je verdoie.

Ainsi Amour inconstamment me mène :
Et quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.

Puis, quand je crois ma joie être certaine,
Et être au haut de mon désiré heur,
Il me remet en mon premier malheur.

Louise Labé
Sonnets, V111


Tant que mes yeux pourront larmes épandre
À l'heur passé avec toi regretter:
Et qu'aux sanglots et soupirs résister
Pourra ma voix, et un peu faire entendre:

Tant que ma main pourra les cordes tendre
Du mignard Luth, pour tes grâces chanter:
Tant que l'esprit se voudra contenter
De ne vouloir rien fors que toi comprendre:

Je ne souhaite encore point mourir.
Mais quand mes yeux je sentirai tarir,
Ma voix cassée, et ma main impuissante,

Et mon esprit en ce mortel séjour
Ne pouvant plus montrer signe d'amante:
Prierai la mort noircir mon plus clair jour.

(Louise Labé toujours...)


Demain, dès l'aube

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne
Je partirai. Vois tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour sera pour moi comme la nuit.

Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur

3 septembre 1847
Victor Hugo,
Les contemplations, livre 1V, 1856.


et pour finir cette longue reverie poétique, je gardais mon favori pour la fin...Boris Vian dont je te fais partager un extrait de son recueil "cent sonnets"....

Bzzz...

Dieu sut haïr assez pour concevoir les mouches,
Afreuses, veloutées, leur corps inquiétant
Gonflé de pus jaunâtre, et dans leur vol flottant
Traîtant on ne sait quoi de funèbre et de louche.

Contrepettant Satan qui pourrit ce qu'il touche
Vous, mouche, vous touchez ce qui pourrit, goûtant
Toutes en foule à l'oeil rosâtre et suintant
De bêtes aveuglées par vos avides bouches

Et votre aile stridente aux nervures de fer
Lève en mon cauchemar un nébuleux enfer
De corps velus, jaillis de l'ombre où l'on martelle

Les clous du long cerceuil où j'étendrai mon corps
Et que l'on brûlera dans la flamme immortelle
Pour me sauver de vous, lorsque je serai mort...

dianaplume

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Esprit des forêts (Robins loufoques)
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posté par dianaplume
le vendredi 03 août 2007, 17h30
Que dire Oufdelu si ce n'est l'émotion qu'à suscité la lecture de ces merveilleux poêmes que je connais pour la plupart. Et  presque tous ont un écho au fond de moi. Une raisonnance particulière. Comme la vie est bizarre parfois. La même sensibilité ? Qui peut le savoir.

Mensy

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Maître des cîmes
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posté par Mensy
le vendredi 03 août 2007, 21h31
Merci à vous deux d'être passés me voir. Ca rompt un peu la monotonie de ma solitude. Revenez me voir quand vous voulez.
Oufdelu, effectuement tes poêmes sont tout à fait ceux que j'apprécie et qui me bouleversent. Un grand, énorme merci aussi de ma part.
Et toi dianaplume, peux-tu déposer un poême que tu apprécie particulièrement ? J'en serai absolument ravie. A très vite j'espère.

jabbalehutt

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posté par jabbalehutt
le samedi 04 août 2007, 02h09
voila un poeme que je trouve magnifique l'auteur s'appelle Rudyard Kipling et le poème s'appelle if.
 la traduction date de 1918 André Maurois


Si:: tu seras un homme mon fils

Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;

Si tu peux être amant sans être fou d'amour,
Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;

Si tu peux supporter d'entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d'entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d'un mot ;

Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère,
Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi ;

Si tu sais méditer, observer et connaitre,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maitre,
Penser sans n'être qu'un penseur ;

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant ;

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d'un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,

Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tous jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire
Tu seras un homme, mon fils.

dianaplume

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Esprit des forêts (Robins loufoques)
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18 an, 7 mois, 9 jours
posté par dianaplume
le samedi 04 août 2007, 12h00
Décidément, il sera dit qu'à chaque fois que je viendrai ici vous lire, je repartirai en pleurs. Larmes d'émotion, rassurez-vous. Mais émotion profonde, j'en suis toute bouleversée. Je connais aussi et c'est à chaque relecture comme une claque dans la figure, mais de ces claques qui vous font réagir positivement, qui vous sortent de votre léthargie et voir enfin le monde qui vous entourent. Qui vous tirent, de gré ou de force, de votre coquille et vous ramènent à la vie.
Difficile de poster après toi Jabba.

Un poême qui vous semblera triste, mais désolée, je l'aime énormément. :

Le vase brisé

Le vase où meurt cette vervaine
D'un coup d'éventail fut fêlé ;
Le coup dut l'effleurer à peine,
Aucun bruit ne l'a révélé.

Mais la légère meurtrissure,
Mordant le cristal chaque jour,
D'une marche invisible et sûre
En a fait lentement le tour.

Son eau fraîche a fui goutte à goutte,
Le suc des fleurs s'est épuisé ;
Personne encore ne s'en doute,
N'y touchez pas, il est brisé.

Souvent aussi la main qu'on aime
Effleurant le coeur, le meurtrit ;
Puis le coeur se fend de lui-même,
La fleur de son amour périt ;

Toujours intact aux yeux du monde,
Il sent croître et pleurer tout bas
Sa blessure fine et profonde :
Il est brisé, n'y touchez pas.

Sully Prudhomme

jabbalehutt

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posté par jabbalehutt
le dimanche 05 août 2007, 23h21
alors voila un poeme que je viens de découvrir il est de pierre ronsard

     cupidon

Le jour pousse la nuit,
Et la nuit sombre
Pousse le jour qui luit
D'une obscure ombre.

L'Autonne suit l'Esté,
Et l'aspre rage
Des vents n'a point esté
Apres l'orage.

Mais la fièvre d'amours
Qui me tourmente,
Demeure en moy toujours,
Et ne s'alente.

Ce n'estoit pas moy, Dieu,
Qu'il falloit poindre,
Ta fleche en autre lieu
Se devoit joindre.

Poursuy les paresseux
Et les amuse,
Mais non pas moy, ne ceux
Qu'aime la Muse.

Helas, delivre moy
De ceste dure,
Qui plus rit, quand d'esmoy
Voit que j'endure.

Redonne la clarté
A mes tenebres,
Remets en liberté
Mes jours funebres.

Amour sois le support
De ma pensée,
Et guide à meilleur port
Ma nef cassée.

Tant plus je suis criant
Plus me reboute,
Plus je la suis priant
Et moins m'escoute.

Ne ma palle couleur
D'amour blesmie
N'a esmeu à douleur
Mon ennemie.

Ne sonner à son huis
De ma guiterre,
Ny pour elle les nuis
Dormir à terre.

Plus cruel n'est l'effort
De l'eau mutine
Qu'elle, lors que plus fort
Le vent s'obstine.

Ell' s'arme en sa beauté,
Et si ne pense
Voir de sa cruauté
La récompense.

Monstre toy le veinqueur,
Et d'elle enflame
Pour exemple le coeur
De telle flame,

Qui la soeur alluma
Trop indiscrete,
Et d'ardeur consuma
La Royne en Crete.
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