« Prendre ses jambes à son cou »
Courir très vite, s'enfuir.
Drôle d'image que celle-ci ! On peut imaginer au moins trois choses :
- Quelqu'un
de très souple qui ramène ses jambes au niveau de son cou (et fait un
noeud autour ?). Mais le côté pratique pour courir n'est pas flagrant,
les pieds ayant alors du mal à toucher le sol ;
- Quelqu'un qui
démonte son tronc et le pose à côté, de manière à être réduit à une
tête et deux jambes avant de commencer à courir. Mais cela ne devrait
pas avoir une influence sur la vitesse, les jambes ayant toujours la
même longueur, sauf si on tient compte de la diminution du poids total
à déplacer ;
- Quelqu'un qui diminue la hauteur de son tronc et,
en compensation, allonge celle des jambes jusqu'à les amener sous le
cou, ce qui effectivement permet d'augmenter la vitesse de déplacement.
Mais tout ceci ne sont que billevesées car personne ne serait capable de l'une ou l'autre.
Il faut donc chercher ailleurs.
Heureusement,
il suffit de remonter à la fin du XVIIe siècle pour trouver
l'explication de l'origine, à défaut de comprendre le lien avec le sens
actuel.
A cette époque, en effet, Furetière écrivait que
prendre ses jambes à son cou
se disait, au début de son siècle, "prendre ses jambes sur son col"
(notez le 'sur') et signifiait "se résoudre à partir pour quelque
message ou quelque voyage".
Il s'agissait donc simplement des
préparatifs à un déplacement qui outre quelques menus objets
nécessaires au voyage, nécessitait, bien sûr, d'emporter aussi ses
jambes.
Et comme le sac des bagages était souvent porté en
bandoulière ou à l'aide d'une sangle passant derrière le cou, il
fallait aussi "prendre ses jambes sur son col".
Ce n'est qu'au XVIIIe siècle que le sens de l'expression a évolué pour marquer la promptitude, la vitesse
que signifie: "l'habit ne fait pas le moine"?.