nous coupez les tresses, on aurat tout vu par ici, alors sieur skouiky pour éclairer ta lanterne voilà un petit exposé sur les tresses ...........
Le nouvel engouement pour les tresses africaines en Europe confine à la frénésie collective, de plus en plus d’européennes, d’asiatiques, d’indiennes… se laissent tenter par le voyage capillaire alors que Africaines et Caribéennes redécouvrent les joies et la plénitude identitaire de cette esthétique, cet art de vivre et de se présenter au monde. La mode y fait probablement autant qu’une image de soi revisitée, certainement moins assimilationniste, davantage décomplexée.
Cela crève les yeux les plus sceptiques, contre toute attente, et en dépit de plusieurs siècles de d’une répression sévère des actes culturels considérés païens idolâtres, le visage de l’Europe par l’extrémité de sa chevelure et de sa coiffure est en pleine mutation sous l’effet de la diversité qui s’immisce dans la texture de son quotidien. Les tresses africaines, phénomène en explosion dans les agglomérations européennes sont un révélateur de ces changements sourds.
Il est vrai que le territoire naturel des coiffures naturelles afro, compte tenu du grain de cheveux, s’étendrait spontanément des Africains aux Caribéens, immigrés et naturalisés, mais ceci n’a rien de trivial, au contraire. Les décennies précédentes ont été marquées par un refoulement des pratiques culturelles africaines et caribéennes inhibées au sein de leurs propres communautés, captives des modèles de consommation très exclusifs reposant sur le pouvoir des marques occidentales. D’un autre côté une mentalité assimilationniste doublée de complexes identitaires profonds dans les classes moyennes déclassait les tresses ou le port de textiles authentiques dans les préférences des Noirs résidents en Europe, principalement en France.
La fin des illusions d’intégration, l’arrivée à maturité de générations aspirant au paradis perdu des origines sonnent, avec l’effet dissolvant de la crise économique sur la force d’attraction des référents de styles de vie, une libération des actes de consommation culturels voire ethniques et communautaires. Les filles et femmes qui s’offrent des rastas ou des nattes à motifs esthétiques variés peuvent trouver à la faveur de l’immigration ou de la proportion d’étudiantes en quête de petits jobs, une main secourable pour leurs tresses. En sus des salons de coiffures qui reprennent du poil de la bête sur le créneau des tresses afro ou blacks, une approche émergente des relations interculturelles tenue souvent par une floraison d’associations et amicales tend à proposer des initiations couplées tresses-musiques africaines aux nouveaux convertis.
Les années 70 étaient Afro, les années 2000 sont tresses, locks, nattes, incontestablement. Le caractère idéologique, rebelle, révolutionnaire des Blacks Panthers n’a pas eu malheureusement de symétrique entraînant à ce jour, mais le retour de la coiffure africaine par excellence dépasse le simple effet de mode tout en s’y abreuvant. La révolution ne serait pas politique mais culturelle, puisque les interdits et oukases qui provenaient des religions judéo-chrétiennes et de l’aliénation coloniale sont balayés sans effusion de sang ni prosélytisme, le cas emblématique des tresses masculines illustrant l’amplitude du chambardement. Ce qui il y a peu aurait été un suicide social, une disqualification totale de rang et d’honorabilité, est vécu avec une relative douceur qui n’exclut cependant pas les inévitables heurts attisés par le changement, les jeunes d’ailleurs enseignant aux moins jeunes l’audace du port des tresses masculines aux allures conquérantes.
Enfants, jeunes, adultes hommes et femmes n’hésitent plus quant tel est leur choix, à se montrer avec leurs tresses afro, pied de nez impensable il y a quelques décennies à tout le poids de la diabolisation eurocentriste des cultures négro-africaines.
Le rôle des communautés plus ou moins marginales du point de vue de la société englobante aura permis de maintenir une certaine face cachée de cette culture vivante et visible, tresses et esthétique africaine. Le mouvement rasta dans son ensemble aura supporté, bien des fois sans le rechercher spécifiquement, l’alternative du contre modèle qui par dialectique, déception des discriminés, séduction d’un fond de culture authentique et rebelle, inspirera une part inconsciente du retour à des pratiques culturelles proches des origines, les tresses en l’occurrence.
Le parcours de redécouverte identitaire qui façonne les habitudes et tisse de nouvelles attitudes est redevable à ces introspections, aux tribulations expérimentées dans une Europe ambiguë, mais un puissant facteur redistribue les cartes de l’esthétique occidentale, principalement euro-américaine. Les tendances nature et découvertes, ethniques, produits d’ailleurs, la quête d’un certain échange culturel auquel pourvoient le tourisme, les restaurants exotiques, la world music, sont les aiguillons d’un supplément d’âme ethnique, post-moderne, post-chrétien bourgeois.
Bijoux fantaisies, amulettes, masques, accueillent favorablement un univers capillaire gravitant autour des tresses afro…
La contribution de la culture mondiale Hip Hop - R&B est énorme dans la diffusion des pratiques culturelles africaines, par le canal médiatique et référentiel -surtout pour les jeunes- des stars et grandes figures du show biz américain. Or précisément la philosophie afrocentrique du retour aux sources africaines des Noirs américains en a fait …des Africains Américains qui communient avec le continent par leurs consommations d’arts et artisanats, par le port de vêtements authentiques, et tout particulièrement par l’adoption fervente de tresses afrocentriques.
Dans cette conversation à distance entre Fils et Descendants d’Afrique, le paradoxe n’est guère bien loin, ce sont en effet les faiseurs de tendance, les précurseurs et prescripteurs sociétaux noirs américains qui enseignent les vertus des tresses africaines aux… africaines et africains !
A l’arrivée la tendance capillaire afro reflux sur les Africains et sur les Caribéens presque jaloux du succès de leur patrimoine abandonné auprès des autres communautés. En effet les européennes, asiatiques, indiennes d’Europe cotent les coiffures black au hit parade de leurs attentes actuelles. Les transports en commun des agglomérations européennes sont de bien passionnants théâtres scénarisant ces chassés croisés identitaires. On y voit des rastas, nattes, mèches, et toutes sortes de sophistications arborées par des Non-Africains, il n’est d’ailleurs pas rare d’observer les Africaines mises en minorité, seules à être coiffées à l’Occidental dans des trains, bus, colonisés pacifiquement par les tresses Afro… Les salons de coiffures européens réactifs proposent de plus en plus des services, traitements divers pour coiffures blacks.
Naturellement ce succès a au moins un travers, c’est la prolifération de faux, de mèches pas toujours inspirées ni encore moins gracieuses - on s’en tirerait plutôt bien en évitant l’agression du champ de vision binoculaire - ! Si les goûts et les couleurs sont l’empire bienvenu de l’arbitraire, on peut déplorer que l’investissement dans la mode, l’éphémère et l’ostentatoire quelque fois, se fasse au détriment d’une esthétique réellement culturelle, en connaissance du sens des différents motifs, de l’écriture sociale que représente l’art des tresses. Les coiffures ont toujours été un système de signes, de communication, telle pour les deuils, telle pour les fêtes, telle autre pour les personnes appartenant à une classe d’âge ou relevant d’institutions traditionnelles -Nganga, envoyés du roi, … De plus, la connaissance de l’art capillaire, de la coiffure traditionnelle, des plantes et solutions de soins qui revitalisent et entretiennent le cheveu et le cuir chevelu se perdent ou précisément risqueraient de n’être perdues que pour les Africains…Les multinationales L’Oréal et autres devenant, dans une peinture surréaliste mais attendue, les futurs monopoles de produits de soins traditionnels africains et d’origine africaine.
Non que les mèches synthétiques et les faux cheveux nous hérissent plus qu’autre chose, l’évolution est indéfectible d’adaptation, de changements, de ruptures imposées par les nécessités. Le raz de marée des tresses africaines en Europe, en Amérique, y compris dans un pays aux politiques d’élite assimilationnistes comme la France, est aussi une opportunité de reconquête identitaire profonde, dans un contexte ouvert et solidaire de la diversité environnante
pour sauver notre jeune population, si vous ne connaissez pas le déambulateur ........... voilà à quoi cela ressemble, donc prenez gare en approchant de skouiky